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LE COMMISSAIRE INVITÉ

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Le mot du commissaire

FRANKLIN ARELLANO

BIOGRAPHIE

 

Vit et travaille entre la France et le Venezuela

Doctorat en Sciences Sociales, École des Hautes Études en Sciences Sociales (en cours) Paris, France.

DEA Art et philosophie, Université Paris 8.

Fondateur de l'Association Artycult, Paris, France. Président de l’Alliance Française de Maracay au Venezuela

 

Il a réalisé des projets curatoriaux et des expositions en France, au Venezuela, en Colombie, En Uruguay et en Chine.

Franklin Arellano conçoit l’art comme un terrain de recherches permettant à l’individu de s’interroger sur ses actions, sa relation avec l’environnement et autrui. Et c’est pour cette raison que ces propositions d’expositions permettent aux artistes de présenter leurs œuvres, leurs recherches et de vivre une expérience au travers de résidences.   

 

Que pourrions nous dire à présent? 

Que pourrions-nous dire à présent ?

Qu’il ne s’est rien passé, que tout ne fut que circonstanciel ? Qu’il s’agit d’une victoire humaine et que le pire est passé ? Que nous sommes une race humaine unie et qu’ensemble nous pouvons tout vaincre ? Que la faute n’appartient qu’à quelques-uns et que les autres sont meilleurs ? Que nous avons réussi à mieux faire et que nous pouvons continuer vivre sans aucun problème ? Qu’un avenir meilleur a été conquis grâce à cette civilisation ?

Ce texte sera peut-être taxé de catastrophiste, négativiste, paranoïaque, etc. en argumentant que ce qui s’est passé ne représente qu’un détail minime de notre histoire commune universelle.

 

Ce qui fait le plus de bruit ce sont les sempiternelles diatribes entre les toujours uniques bords politiques, gauches, droites… ces bords dont on ne saurait dire s’ils sont les héritiers d’un bagage politique ou les parasites de ce bagage. Accusation et défense plaidoyant pendant que des milliers de vie se perdent. Mais les états n’ont pas de sentiments, uniquement des intérêts.

Alors bien sûr on entend beaucoup parler des grandes nations, autant des nouveaux méga-pôles politiques – aux intentions évidemment vertueuses, que des vieux pôles imprégnés de leur rigueur et rectitude.

On a réparti ce qu’il y avait à repartir et chaque pôle a choisi l’unification pour préserver ses intérêts face à cette éventualité nouvelle devenue réalité. On a été catastrophique, puis on a remercié la qualité de la gestion de crise.

Enfin, tout se résuma ainsi : le bien, le mal, les gentils et les méchants.

La faute a été rejetée exclusivement sur les gouvernements et nous-mêmes nous ne sommes pas coupables, le coupable c’est toujours l’autre. Nous avons fait nos adieux aux défunts, ça y est nous sommes devenus plus conscients, nous sommes une société autre. Nous pouvons tous faire grâce à Internet, nous pouvons tous rester à la maison, dans les mêmes conditions et avec les mêmes moyens naturellement : notre égalité a été parfaitement mis en évidence.

 

Comment définir ce type de discours, du point de vue d’un bord ou de l’autre ?

Est-ce que c‘est le cri d’un adolescent se rebellant contre tout ce qu’il vit, ancré dans la critique infondée et la contradiction permanente ? Ou est-ce le moment de nous repenser, de réfléchir à notre relation à notre environnement, notre monde et notre humanité.

Notre planète se défendra-t-elle seule ? Est-ce que ce sont nos actions qui détermineront la fin ou la pérennité de l’être humain ?

Certains n’ont même pas eu l’opportunité de survivre à cette situation, et pourtant nous pensons encore que ce sera le temps humain qui nous donnera les solutions, que la mémoire humaine –si prompte à oublier, nous fournira des réponses.

 

Quelles leçons tirer ? Qui pourrait le dire ? L’être humain est un être social, nous sommes des êtres sociaux, l’enfermement est une punition. Qui peut décider de sa mise en œuvre ou de sa suspension ?

Ce qui semble certain est que, dans ces moments difficiles, littérature, cinéma, arts plastiques, etc., toute la création qui peut émaner de l’être humain en somme, avec sa capacité à aller au-delà des aspects partisans ou économiques, sa capacité à la solidarité –antagoniste de la barbarie qui nous accompagne habituellement, ont permis que notre dignité en tant qu’êtres humains ne soit pas totalement balayée par les opportunismes politiques.

Et, indépendamment du bord que l’on choisit : quelle sera notre nouvelle normalité ? Qui pourrait le décider, comment pourrait-on le déterminer ? Par le biais d’un referendum par exemple ? Auquel nous participerions tous ?

Qui cesserait de mentir et expliquerait ce que provoque et implique notre façon de consommer ? Qui nous dirait que notre société se rend malade à force de vouloir écraser l’Autre et de nous dire que nous sommes –ou devons être- les meilleurs ?

 

Nous avons applaudi : les équipes des services de santé dans certains pays, les corps militaires et policiers ailleurs.

Les professionnels de la santé constituent un rouage essentiel de notre société mais il a fallu une crise de cette ampleur pour que nous en prenions conscience. Et, bien qu’il soit admis qu’ils nécessitent et méritent de meilleures conditions, notre société à nouveau, décide de privilégier le point de vue et les besoins des actionnaires, qui ne cherchent qu’à poursuivre leur infatigable chasse au bénéfice.

En ce qui concerne les créateurs, les artistes, ils devront attendre une autre opportunité pour être applaudis. Et ce ne sont pas les seuls. Cela touche également toutes les professions, les corps professionnels les plus minimes, ceux qu’on ne qualifie pas habituellement de champions, de vainqueurs, ceux qu’on voit sans les regarder, sans jamais les observer, tous ceux qui travaillent avec et autour de l’être humain et devraient être extrêmement valorisées.

 

Mais qui dispose du pouvoir de prendre les décisions ? Et en faveur de qui seront-elles prises ?

 

L’environnement attendra sans doute encore son tour. Qu’il advienne, à nouveau, une autre crise. Ce pourra être pour demain, un autre jour, un autre lever de soleil.

 

Dans l’ouvrage « Villette Amazone », en 1996, Jacques Leehnardt nous prévenait déjà que l’être humain devrait changer sa relation à l’environnement dès le préambule du siècle dont nous arrivons aujourd’hui bientôt au premier quart, que ce siècle doit être celui de l’environnement ou ne pas être.

C’est le pari que nous devons tous relever : celui d’un nouveau monde ou chaque être vivant, chaque espèce, chaque élément indépendamment de sa valeur économique sera valorisé comme protagoniste de notre survie. Un monde où nous comprendrons que nous faisons tous partie d’un même ensemble, notre première et dernière demeure, notre maison à tous. Qu’il ne s’agit pas de chercher les gentils et les méchants, mais d’assumer que notre relation à l’environnement est inappropriée et que la gouvernance planétaire doit être assainie.

Un monde où nous aurons enfin assimilé que l’avenir est déjà là.

 

Puisque c’est au sein de la région des Hauts-de-France et au cœur du monde rural que nous célébrons la biodiversité, nous conclurons en citant un des enfants les plus illustres de cette région, Félix Guattari :

 

        « Moins que jamais la nature ne peut être séparée de la culture et il nous faut apprendre à penser  transversalement les interactions entre écosystèmes, mécanosphère et Univers de référence sociaux et individuels. De même que des algues mutantes et monstrueuses envahissent la lagune de Venise, de même les écrans de télévision sont saturés d'une population d'images et d’énoncés dégénérés »

Franklin Arellano 

juillet 2020

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