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L'INVITÉ D'HONNEUR

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PIERRE DUTILLEUL

Directeur général du Syndicat national du livre 

BIOGRAPHIE

Agé de 68 ans, Pierre Dutilleul a travaillé pendant 26 ans chez Editis. Il a été notamment Directeur du Contrôle de gestion du Groupe, Vice-président directeur général des Presses-Solar-Belfond, créateur des Presses de la Renaissance en 1997, PDG des Editions de la Cité, de La Découverte, de Masson, de Médimedia France et Benelux, de SEJER et Sogedif, Directeur des Ressources Humaines et de la Communication d’Editis (2008 à 2013), puis DG de Plon/Perrin/Presses de la Renaissance, DG de Robert Laffont/Julliard, enfin Directeur des Relations extérieures et interprofessionnelles d’Editis de 2015 à 2016.

Pierre Dutilleul a été membre du Bureau et Trésorier du SNE de 2009 à 2016. Administrateur du Bureau International de l’Edition Française (BIEF), il a également présidé la Fédération des Editeurs Européens (FEE) de 2014 à 2016.

Il est Directeur général du SNE depuis le 31 mars 2016 et membre du Comité exécutif de l’Union Internationale des Editeurs(UIE) depuis octobre 2014.

                                                                                                                                          Honneur et obligation

 

D’un geste lent et précis, il reposa le livre qu’il n’avait su lâcher ces dernières heures, tant le voyage intérieur qu’il accomplissait le transportait vraiment, au sens premier du mot. Ce ne sont pas des kilomètres qu’il avait parcourus, mais des sensations. Il avait sauté de l’une à l’autre, comme s’il avait joué à une marelle géante, dans des cases reliées entre elles mais aussi ouvertes pour se laisser la possibilité de déraper, de sortir du cadre, de s’affranchir de règles prédéfinies pour créer les siennes propres. S’évader. Décoller. S’envoler. Mais oui, son vaisseau spatial était bien un livre, des hublots duquel il avait vu le monde avec ses yeux, avec ses yeux à lui, qu’à lui. Peut-être en avait-il déformé les contours, mais ce monde était devenu son monde. Et alors, aucune loi ne l’interdit ! Il avait voyagé dans son imaginaire, passant d’un paysage à l’autre, d’une idée à l’autre, au gré des mots et des images que l’auteur de l’ouvrage avait déposés là pour lui. Des mots et des images s’illustrant mutuellement, se soutenant, s’accompagnant, dans un ballet chorégraphié pour lui. Oui pour lui. Et chacun peut ainsi faire son propre voyage, organisé pour lui, même si ce lui est pluriel. N’écrit-on pas pour être lu ? Certes un auteur aime à être lu, mais je crois fondamentalement que son acte d’écrire est avant tout le fruit d’une nécessité. D’un besoin irrépressible de dire ce qui fait trop plein en lui. Il va l’offrir, le partager. Ecrire serait donc un acte de générosité ? Sans aucun doute. C’est en tout cas ma conviction. Et c’est pour cela que j’ai décidé d’être éditeur, pour aider mes frères et sœurs en écriture à accoucher de ce qu’ils ont en eux. Et si lire est un voyage, écrire en est un, d’évidence. Car pour l’auteur, comme pour le lecteur, le point d’arrivée n’est pas une fin en soi, mais le chemin qui y mène, un plaisir partagé, un besoin comblé, un apprentissage facilité, une curiosité satisfaite, une découverte inespérée. Bref, un voyage ! Et pour les deux, des pages qui se tournent qui laissent en eux des traces souvent indélébiles. Et que l’on aille de Caracas sur Oise à Bazancourt en Venezuela ou dans l’autre sens, ce sont deux voyages différents, et l’autre n’est pas que le retour de l’un. Dans les deux cas, le voyage est un mariage. Un mariage entre des images et des mots, qui s’aimantent les uns les autres. Dessiner ou peindre pour dire ce que les mots, en légende, en aveu, en complément d’objet direct, ne suffisent pas à exprimer. Comme une recette de cuisine unit différents ingrédients pour faire voyager celui ou celle qui la goûtera, l’auteur imagine sa recette, mélangeant mots et images. Dans les deux cas, l’auteur est un artiste. Nous y voilà ! On ne se décrète pas artiste, on l’est, c’est tout ! L’artiste est un artisan de l’art. Trois noms propres, qui tous commencent par un A. Un triple A ! Comme une récompense gastronomique ! Quel est l’auteur qui n’a pas ressenti une joie intérieure intense en apprenant qu’il allait être publié. Être élu pour dire au monde ce que l’on a en soi. Beaucoup d’appelés mais au final, peu d’élus. C’est donc un honneur de pouvoir imprimer, dans tous les sens du terme, cette vision personnelle, cette création intime, cette part de soi-même, qui va rester et pouvoir être partagée. Rester, comme tout ce qui est couché sur le papier. Pour l’auteur, il s’agit de transmettre un message, un sentiment, une conviction, une vision, bref, d’exprimer ce qu’il a au fond de lui. S’il a la chance de rencontrer un public, son public, alors celui-ci s’emparera de son œuvre, et d’une certaine façon, elle ne lui appartiendra plus. Alors l’œil complice sera attiré par le texte, par l’image, par les deux et le pari de l’artiste sera réussi. On nait artiste vous savez, que l’on ait vu le jour à la ville ou à la campagne, à Caracas ou à Bazancourt, dans l’aisance ou dans la pauvreté. Mais toujours, pour lui l’artiste, avec la nécessité de ne pas retenir ce qu’il a en lui. L’artiste est sensible au monde qui l’entoure et va user de son talent pour dire la ville que l’homme forme et déforme au gré du vent de l’histoire. Mais il va aussi célébrer la nature dans ce qu’elle a de précieux, et alerter sur le beau qui ne doit pas être mis en danger et encore moins disparaitre. C’est la responsabilité de l’artiste qui créé.  Notre monde avance vite, de celui d’avant à celui d’après. La biodiversité est là pour nous montrer la vie sous toutes ces formes. Pour nous mettre en garde contre le danger de l’oublier. Notre monde doit bien sûr se développer mais dans le respect de la création. Sinon lorsque le dernier arbre aura été abattu, que toutes les rivières auront été empoisonnées, que l’ultime poisson aura été péché, nous découvrirons mais un peu tard que l’argent ne se mange pas. Nous, nous sommes là pour dire au monde que l’artiste doit, où qu’il soit, être et rester une espèce protégée. La « biodiversité » des talents, c’est sûr, jamais ne disparaitra. Elle est la vie. Un honneur et une obligation, vous dis-je.

 

Pierre Dutilleul

 02/07/2020

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